Sandrine Collette remporte le Goncourt des lycéens 2024

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Avec son roman Madelaine avant l’aube (Lattès), l’auteure succède à Neige Sinno au palmarès de cette récompense littéraire très prescriptive.

Le Goncourt l’a laissée de côté, le Goncourt des lycéens vient de la sacrer. À 13h03, les lycéens délégués ont choisi de sacrer, depuis l’hôtel de ville de Rennes, berceau du Prix, Sandrine Collette pour son roman Madelaine avant l’aube, publié chez Lattès. Un conte cruel et révolté, à la tonalité féministe.

Chaque année, après deux mois de lectures assidues des 14 romans en lice, issues de la première sélection du Goncourt, les lycéens délégués de chaque région délibèrent à huis clos pour établir une courte liste, parmi lesquels figure le lauréat. Sandrine Collette faisait face à Rebecca Lighieri, Thibault de Montaigu, Olivier Norek et Abdellah Taïa.

«Je suis transportée de joie. C’est ce que je pouvais espérer de mieux, s’exclame Sandrine Collette, à l’annonce du prix, auprès du Figaro. C’est un prix de jeunes, de lecteurs. Cela a une valeur inestimable. Il y a quelque chose de sincère, de libre dans leur choix. Les lycéens sont hors des prix, hors de tout entre-soi. Durant les rencontres auxquelles j’ai participées, il y avait un vrai enthousiasme et je le retrouve aujourd’hui.» 

Déjà lauréate du prix de la Closerie des Lilas, Grand Prix RTL-Lire pour Et toujours les forêts (2020), le prix Giono et le Renaudot des lycéens pour On était des loups (2022), Sandrine Collette affirme un peu plus encore avec cette récompense, un succès critique et public (il s’est écoulé à 50.000 exemplaires de Madelaine avant l’aube). «Le virage de mon étiquette est une réussite que je dois à mes éditeurs, abonde l’auteure de romans noirs passée à la littérature blanche. Ils avaient fait un pari et je dois dire qu’ils ont été visionnaires.» C’est donc une consécration pour la romancière, mais également un soulagement pour la maison d’édition qui n’avait jusque-là obtenu aucun prix important de la rentrée littéraire.

«Un récit parfaitement maîtrisé»

Depuis onze ans, au rythme fou d’un roman par an ou presque, Sandrine Collette publie un roman. Son petit onzième a donc suscité l’enthousiasme des lycéens. «Durant les rencontres régionales, ils m’ont dit qu’ils avaient été touchés par cet espoir, cette force qu’on ressent quand on est unis entre frères et sœurs au sein des ténèbres. Ils ont également retenu la relation à l’animal et les relations de sororités, notamment le rapport à la mère.»

L’histoire de Madelaine avant l’aube : dans un hameau misérable et dépeuplé, où la famine creuse les ventres, vivent Rose, une vieille femme solitaire, Ambre et Aelis, des jumelles, et leurs maris respectifs, le premier étant fort et courageux, le second, alcoolique. Les deux sœurs, inséparables, résident à quelques mètres l’une de l’autre. Aelis a eu trois garçons. Ambre, elle, aucun. Mais bientôt tout va changer.

Une petite fille abandonnée fait son apparition. Ambre devient sa mère. Intrépide, farouche, butée et tendre à la fois, Madelaine bouleverse le quotidien de sa nouvelle famille, tributaire d’une terre qui ne lui appartient pas. Les Ambroisie, leurs terribles maîtres, en sont les propriétaires. Ils demandent leur part et parfois bien plus que cela… Alors, il va falloir faire un choix : obéir ou se révolter.

On retrouve ici avec ce conte noir, aux accents d’un Petit Chaperon rouge féministe, des thèmes chers à l’auteure : une nature sauvage comme les hommes, la violence et la dureté de l’existence. Mais aussi un goût marqué pour le retournement de situation. Qui est donc le narrateur qui parle ? Dans son numéro du 29 août, Le Figaro littéraire écrivait : « La romancière maîtrise parfaitement son récit et, dès les premières pages, nous savons qu’un drame a eu lieu, mais de quoi s’agit-il ? Cette interrogation ne nous quitte plus et ne fait qu’accentuer la tension qui pèse sur ces pages. La menace est là, même discrète elle fait du bruit. Et la douceur des bras d’une mère, le rire des enfants, le tendre regard d’un homme posé sur une femme aimée, ne pourront jamais arrêter le cours des choses: l’injustice de la nature, la cruauté des hommes auront toujours le dernier mot. »

Avec ce prix Goncourt des lycéens, créé par le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse et la Fnac, sous le haut patronage de l’Académie Goncourt, l’auteure de 54 ans qui partage sa vie d’auteure entre l’écriture et ses chevaux dans le Morvan, succède à Neige Sinno et son puissant Triste Tigre, (P.O.L.). Elle rejoint un joli palmarès d’auteurs, parmi eux: Clara Dupont-Monod, Karine Tuil, David Diop, Gaël Faye, Delphine de Vigan, David Foenkinos, Sorj Chalandon, Philippe Claudel…

Source du contenu: www.lefigaro.fr

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