Dans le texte administratif publié le 12 novembre, le premier ministre décline la «méthode Barnier» et exhorte ses ministres à «l’exemplarité» lors de leurs déplacements.
À 74 ans, Michel Barnier n’est plus un homme pressé. Jadis benjamin de l’Assemblée Nationale, alors qu’il fait ses premiers pas au Palais Bourbon en tant que député de Savoie en 1978 à seulement 22 ans, le premier ministre a fait de l’art de «prendre le temps» un véritable mantra. Terminé, les «sauts de puce en province» demandait-il aux membres de son gouvernement à l’occasion d’un petit déjeuner à Matignon fin septembre. «Prenez le temps, passez une nuit sur place, rencontrez les élus locaux», encourageait-il ses ministres, selon les propos de l’un d’eux alors rapportés par le JDD.
Une «méthode Barnier» désormais déclinée dans une discrète circulaire, prise par le premier ministre le 12 novembre, rendue publique par France Info et que Le Figaro s’est procuré. Intitulé «Déplacements ministériels», le texte administratif demande notamment aux membres du gouvernement de partager un «déjeuner ou un dîner républicain en préfecture […] chaque fois que votre temps sur place le permettra». Une «tradition républicaine » à laquelle le chef du gouvernement se dit «très attaché».
Dans le même esprit, un certain nombre de petits efforts y sont demandés aux ministres en déplacement aux quatre coins du pays. «Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’exprimer, je souhaite une méthode de Gouvernement qui repose sur l’efficacité, la simplicité et la sobriété», a indiqué Michel Barnier, tout en précisant que les voyages officiels constituaient un «aspect important de la démarche d’explication et d’information qui incombe au gouvernement».
Privilégier des départements peu visités
Le chef du gouvernement appelle notamment les ministres à être «particulièrement attentifs» aux «contraintes de disponibilité» des représentants et des élus des territoires dans lesquels ils se déplacent. Cela inclut la «consultation systématique» des préfets avant un déplacement dans un territoire, «72 heures» avant au moins, «à l’exception des déplacements liés à des situations de crise». Mais aussi «l’information préalable des élus», qu’ils soient parlementaires ou maires, du déplacement ministériel.
Michel Barnier souhaite également que soient privilégiés «les départements où les visites officielles sont plus rares», au détriment des «destinations traditionnellement retenues pour leur facilité d’accès (Île-de-France, grandes métropoles)». Un signal fort envoyé aux territoires ruraux, à l’heure où certains maires s’estiment «abandonnés», voire «méprisés» par l’État.
Alors que l’exécutif demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux maires dans le cadre du projet de loi de finances, ce qui suscite la grogne à l’occasion de leur 106e congrès qui vient de s’ouvrir, Michel Barnier s’est aussi montré très clair : les «moyens déployés» à l’occasion des déplacements des ministres dans le cadre de leurs fonctions «ne revêtiront en aucun cas un caractère ostentatoire ». Exit, donc, les interminables cortèges accompagnant leurs voitures, ainsi que l’activation des «gyrophares» pour un oui ou pour non. Désormais, les ministres s’arrêteront au feu rouge : «Vous veillerez à ce que la circulation des convois ministériels ne déroge pas au respect du code de la route, sauf nécessité strictement justifiée», a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «De même, vous privilégierez le train dans toute la mesure du possible».
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