Quelque 800 participants à la « Turboteuf », la mobilisation interdite contre l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, ont été dénombrés samedi 5 juillet à Maurens-Scopont (Tarn), a annoncé le préfet du Tarn, Laurent Buchaillat, lors d’une conférence de presse. « On a pu observer hier [vendredi] la préparation de dispositifs hostiles, la fabrication de catapultes et la constitution de réserve de pierres qui montrent clairement l’intention non festive » du rassemblement des opposants à l’A69, a-t-il déclaré.
Le long du chantier, interrompu à la fin de février et qui reprend de façon progressive depuis la mi-juin, quelque 1 500 gendarmes ont été déployés près du château de Scopont, qui accueille les manifestants, selon la préfecture. Les autorités ont interdit par arrêté préfectoral ce nouveau rassemblement des collectifs écologistes pour protester contre l’autoroute : « Tous ceux qui y participent sont susceptibles d’être verbalisés », a rappelé le représentant de l’Etat.
Les autorités s’attendent à 2 000 participants au total. Parmi ceux arrivés samedi matin, « on note la présence importante de personnes soit [en]cagoulées soit masquées et d’individus qui ont pu être identifiés par le passé sur des manifestations ultraviolentes », a ajouté le préfet.
Des objets pouvant servir de « projectiles » ont été saisis, a rapporté à l’Agence France-Presse (AFP) une source parmi les forces de l’ordre. Sur des photos, l’AFP a pu voir des boules de pétanque, des cocktails incendiaires, des hachettes, des boucliers et des marteaux. La route nationale qui permet d’accéder au site a été interdite samedi par arrêté préfectoral, en raison du « risque de trouble à l’ordre public », selon un communiqué de la préfecture.
Fourgons de gendarmerie et véhicules blindés d’intervention étaient positionnés à quelques centaines de mètres du parc du château sur une base du maître d’œuvre des travaux, Atosca, où étaient garés plusieurs engins de travaux publics.
La « Turboteuf » est le quatrième grand week-end d’action contre le projet, après ceux d’avril et d’octobre 2023, puis de juin 2024, les deux derniers ayant été marqués par des affrontements avec les forces de l’ordre. Les organisateurs ont assuré maintenir l’événement malgré l’interdiction, mettant en avant qu’il se déroulait sur un terrain privé dont le propriétaire a affirmé avoir donné son accord, « à condition qu’il n’y ait pas de débordements ».
A l’intérieur du campement, non loin d’un chapiteau décoré d’une banderole proclamant « Stop à l’A69 et son monde », des militants discutent assis dans l’herbe, d’autres répètent des chants pour le rassemblement prévu en musique à 14 heures où les organisateurs espèrent plusieurs milliers de participants.
« Projet inutile et écocidaire »
« L’autoroute a été jugée illégale dans une décision longuement argumentée, on est donc légitimes à intervenir », a déclaré Amalia, membre d’Extinction Rebellion Toulouse, aux nombreux médias présents sur place. « S’il faut aller au-delà de la loi, on le fera », a-t-elle ajouté. « S’il faut cramer des machines, bloquer une route… on le fera, parce qu’il est absolument nécessaire de s’opposer à ce projet inutile imposé et écocidaire. »
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Même si le chantier est considérablement avancé – arbres abattus, ponts construits, terrassement en cours – les opposants comptent empêcher la finalisation de cette infrastructure, dont la construction a commencé en 2023 et doit être achevée au second semestre 2026. A la fin de février, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné une interruption des travaux, estimant qu’il n’y avait pas de raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM) pour justifier les dégâts causés à l’environnement.
Cette décision, saluée comme une victoire par les opposants, a donné lieu à plusieurs recours des pro-autoroute : d’un côté devant la justice administrative, de l’autre, par le biais d’une proposition de loi visant à valider rétroactivement les autorisations environnementales du chantier. Parallèlement, avant l’examen du dossier au fond prévu à la fin de l’année, la cour administrative d’appel de Toulouse a autorisé à la fin de mai une reprise du chantier.
Sur le réseau social X, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a estimé que « quand, au nom de l’écologie, on prépare une manifestation avec des armes comme des catapultes, des boules de pétanque ou des haches ; quand, au nom de l’écologie, on mobilise des dizaines de militants d’ultragauche encagoulés et dangereux, dont une cinquantaine de “fichés S”, qui ne veulent que détruire ou casser du flic, alors c’est qu’on a basculé dans la sédition et l’ultraviolence ».
Le ministre des transports, Philippe Tabarot, a également dénoncé sur X une « violence préparée ». « L’ultragauche défie la justice et l’Etat sur le chantier de l’A69. Ces activistes, soi-disant écologistes, bloquent un projet soutenu par les élus et les habitants et la reprise d’un chantier autorisée par la justice », a-t-il ajouté.
Source du contenu: www.lemonde.fr