L’avocat « déplore le silence de certains acteurs politiques » et estime « que la mobilisation n’est pas à la hauteur » de la situation dont est victime cet esprit libre et courageux qui n’a eu de cesse de dénoncer l’islamisme.
« On doit tous être Boualem Sansal. » L’avocat Richard Malka dénonce un « acte d’atteinte directe » à la liberté d’expression dans les colonnes de Marianne lundi 25 novembre, après l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal par les autorités algériennes la semaine dernière. L’auteur de 75 ans, critique du système politique algérien a été arrêté à sa descente d’avion en provenance de Paris.
« Je connais Boualem Sansal, grand écrivain, d’un rare courage, véritable combattant contre l’islamisme. Et c’est précisément cela qu’on lui reproche. Y compris en France, où certains pseudo-intellectuels, dans un mépris insupportable, disent qu’il faut le défendre… mais ajoutent un oui, mais», déclare-t-il dans les colonnes de Marianne. « Ce ’’mais’’ est misérable et odieux. Boualem Sansal est victime d’un régime obscurantiste et corrompu jusqu’à la moelle, qui n’hésite pas à emprisonner un écrivain sans motif, sans procès, sans durée. La mobilisation n’est pas à la hauteur (…). Je déplore le silence de certains acteurs politiques, notamment à gauche, ou certains se montrent si prompts à parler de liberté d’expression lorsqu’il s’agit d’abroger le délit d’apologie du terrorisme. Peut-être considèrent-ils que lutter contre l’islamisme pour un écrivain de culture arabe, cela justifie d’être laissé à son triste sort quand il est enfermé sans raison. Cette petite musique donne la nausée.»
Pour Richard Malka, cette arrestation est une sorte de test posé à la France et à ses principes par le régime algérien. « Boualem Sansal est emprisonné pour ses opinions, rien d’autre. Il n’a agressé, tué, ou blessé personne. Mais ces idées dérangent un pouvoir totalitaire, affirme-t-il. On doit tous être Boualem Sansal ».
Regrette une absence de mobilisation
« Si la gauche ne se mobilise pas pour défendre la liberté d’un homme injustement emprisonné au motif qu’il aurait exprimé des positions voltairiennes, alors elle n’a plus de raison d’exister, poursuit-il. Je ne suis pas diplomate, mais j’espère que tout est mis en œuvre pour obtenir sa libération. Prendre en otage un homme de lettres pour faire pression sur un État, c’est monstrueux. Cela illustre la faiblesse d’un régime incapable de démontrer sa force autrement qu’en emprisonnant des esprits libres. L’essoufflement d’un régime algérien autoritaire et fragile. »
« Nous devons être solidaires avec les écrivains ou les journalistes emprisonnés à raison de leurs écrits, qu’on apprécie ou non ce qu’ils écrivent. Leur emprisonnement ou leur calomnie (dans le cas de Kamel Daoud) représente une insulte à la civilisation pour laquelle beaucoup trop ont exprimé une certaine complaisance parce que, pour l’un comme pour l’autre, ce sont des écrivains libres ayant refusé toute assignation identitaire », conclut-il.
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